Comment le BOS relie les équipements de l’IT et de l’OT pour créer un bâtiment intelligent ?

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Comprendre la mécanique du bâtiment intelligent

Le Smart Building est parfois considéré comme la fameuse « boite noire » dont il est difficile de percer le mystère. Qu’est ce qui rend un bâtiment connecté et smart ? Dans cet article, Alain DESPIAU- PEYRALADE, consultant expert Smart Building IoT et Multimédia chez EDF et Président de l’AV User Club France, nous en dit plus sur la mécanique qui permet de créer un bâtiment intelligent.

Sommaire

Quel lien faites-vous entre l’audiovisuel et le smart building ?

audiovisuel smart building

Nous venons de signer un partenariat croisé entre l’AV User Club et la SBA pour faire rentrer cette notion d’audiovisuel dans la gestion des bâtiments. En effet, l’audiovisuel est une plateforme servicielle qui procure des services liés à son usage principal qui est « le collaboratif » dans des espaces dédiés, on nomme cette plateforme servicielle « le smart workspace » qui fonctionne un peu comme une GTB (gestion technique des bâtiments), sorte de « bulle technique » composée de différents systèmes qui sont connectés à un réseau et transmettent de la donnée. 

Dans le même temps, ces systèmes multimédias se connectent au SI (Système d’information) de l’entreprise et offrent des services complémentaires qui apportent d’autres usages dans le smart workspace comme l’analyse de l’occupation des espaces de réunion, la maintenance des systèmes, la gestion patrimoniale des matériels et la mise à jour centralisée des logiciels embarqués. Le fait de connecter ses systèmes au réseau permet aussi de maîtriser la sécurité de cette « plateforme servicielle smart workspace » . C’est donc une « bulle » indépendante qui possède ses propres outils de gestion. Le multimédia peut donc être considéré comme des IoT améliorés.

OT (Operation Technology) versus IT (Information Technology)

L’OT (Operational Technology) correspond aux technologies d’exploitation-maintenance du bâtiment. La technologie opérationnelle désigne le matériel et les logiciels qui détectent ou provoquent un changement par le biais de la surveillance et/ou du contrôle direct des périphériques physiques, des processus et des événements dans les bâtiments tertiaires de l’entreprise.

L’IT (Information Technology) regroupe les technologies de traitement de l’information, notamment les logiciels, le matériel, les technologies de communication et les services connexes.

Aujourd’hui, l’OT inclut la GTB, la GMAO, la GTC, divers capteurs, actionneurs, etc. C’est aussi une bulle technique qui dispose de ses propres outils de gestion et de son propre système d’information. Ces SI sont rarement reliés les uns aux autres. Pendant des années, la partie OT n’était pas connectée aux réseaux de communication. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas car les mondes silotés que nous avions l’habitude de gérer commencent à converger grâce à des protocoles de communication qui s’harmonisent et à la convergence des usages par la Data qui émerge. Auparavant nous étions obligés de sectoriser les usages entre le monde de l’OT et dans celui de l’IT car souvent, les protocoles de communication étaient différents. Aujourd’hui, il devient important de coupler la data issue des systèmes IT/OT pour :

  1. Eviter de déployer X systèmes silotés qui servent un même usage
  2. Eviter de complexifier l’exploitation (Build and run) des bâtiments par une explosion des SI « silotés » et liés à des équipes spécifiques (immobilier, IT, etc.).

Pour revenir à l’audiovisuel, de plus en plus de constructeurs connus équipent les écrans, les micros, les caméras de capteur qui permettent, eux aussi, d’assurer des services d’occupation du smart workspace. Ainsi, comme ces capteurs sont intégrés nativement aux matériels connectés au réseau IT. Le multimedia devient donc un « actif numérique du bâtiment ».

Qu’est-ce que le BOS et quel est son rôle auprès des systèmes OT et IT ?

La barrière entre le monde de l’OT et celui de l’IT crée des freins à la digitalisation. Pour relier ces deux systèmes l’un à l’autre, il existe une solution : le BOS (Building Operating System). En effet, le BOS va permettre de centraliser toutes les informations en reliant les différents systèmes OT et IT entre eux. Il s’agit d’un système applicatif que l’on définit aussi comme un système de systèmes dont l’objectif principal est, à la fois, de rationaliser et de mutualiser la données entre les équipements de terrain, les capteurs et les applications. C’est une sorte d’orchestrateur.

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Interview d’Alain DESPIAU-PEYRALADE, Consultant expert Smart Building IoT et Multimédia chez EDF

A la manière des OS (Operating System) tels que Windows 10 ou Android, le BOS est le recenseur de toutes les applications propres au bâtiment. Le BOS porte « en son cœur » le jumeau numérique, ce qui permet aussi, dans ce système unique, de lier nativement la donnée et les systèmes représentés dans le jumeau numérique 3D des bâtiments.

« On pourrait dire que le BOS est le cœur de gestion et de l’exploitation des bâtiments par la data sur une plateforme unique pour les acteurs du bâtiment (du propriétaire à l’occupant). »

Ce jumeau numérique est une révolution en termes de développement informatique et de traitement des usages. En effet, le BOS met en musique les différentes applications et logiciels en fonction des situations et permet de faire l’analyse de la performance énergétique d’un bâtiment, de faciliter la gestion de l’exploitation-maintenance, par exemple. Aujourd’hui, toute solution ou application qui n’a pas d’API ouvertes et documentées ou qui propose un système qui est complétement fermé en termes de données n’appartiendra pas à l’écosystème du Smart Building.

Quelles sont les clés pour concevoir un bâtiment intelligent ?

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« Pour créer un bâtiment intelligent, la base est l’API-fication. »

Pour créer un bâtiment intelligent, la base est l’API-fication. En effet, dans un écosystème ouvert et dynamique qui voudrait gérer l’ensemble des systèmes bâtimentaires en temps réel, il est nécessaire que tous les systèmes qui produisent de la Data soient à la fois ouverts et documentés pour qu’ils puissent être reliés à un écosystème bâtimentaire « smart » de façon native.

« Pour créer un bâtiment intelligent, la base est l’API-fication. »

Pour créer un bâtiment intelligent, la base est l’API-fication. En effet, dans un écosystème ouvert et dynamique qui voudrait gérer l’ensemble des systèmes bâtimentaires en temps réel, il est nécessaire que tous les systèmes qui produisent de la Data soient à la fois ouverts et documentés pour qu’ils puissent être reliés à un écosystème bâtimentaire « smart » de façon native.

De plus, le BOS est également une véritable « porte ouverte » du smart building vers la smart city. Le BOS est installé dans un bâtiment ou dans un datacenter en fonction de la taille d’un bâtiment. Si l’on décide de l’intégrer dans un Data Center, c’est que l’on va gérer un bâtiment de petite taille. En revanche, dès lors que l’on va dépasser les 15 000m² (environ) de surface, la masse de données générées va être énorme et on devra installer le BOS directement à l’intérieur du bâtiment. Et ce BOS va avoir lui-même des API de sortie pour, par exemple, se nourrir ou alimenter les systèmes de la Smart city.

Du bâtiment intelligent à la Smart City

C’est de cette façon que l’on crée un système de ville intelligente (Smart City). Au lieu de venir se connecter sur chaque système d’un bâtiment avec des API, l’écosystème Smart City va juste se connecter au BOS. Nous aurons un BOS au niveau du bâtiment qui aura contextualisé, allégé, trié les données du bâtiment dans le but d’alimenter en data « durable » les serveurs de la Smart City.

bos centraliser les informations

Chaque système du bâtiment intelligent produit par minute des milliards de données. Si l’on envoie les données directement dans des data centers sans contextualisation dans le BOS, le volume de données serait bien trop important et créerait sans doute d’autres problèmes comme, par exemple, l’explosion de l’empreinte carbone liée au traitement centralisé de la Data.

Vers la convergence OT/IT

convergence ot it
Il est encore difficile pour les acteurs du monde de l’IT et de l’OT de travailler en équipe. Dans le millieu tertiaire, si les deux systèmes s’unissaient, de nouveaux usages seraient facilement déployables grâce aux données collectées. La SBA (Smart Building Alliance) fait en ce sens un remarquable travail d’évangélisation autour de la digitalisation des bâtiments. Cela devrait rassurer les acteurs de l’immobilier car oui, le bâtiment se digitalise mais cela ne va pas remettre en cause l’expertise des personnes sur le système et les usages liés à son métier, bien au contraire. Malheureusement, il reste des freins à lever pour activer la digitalisation.

L’avantage de relier IT et OT est que l’on va pouvoir partager cette data au service des utilisateurs et des exploitants. Cela permettrait de réduire les risques en renforçant la cybersécurité, en améliorant la fiabilité des équipements dans un bâtiment et de réaliser de la maintenance prédictive

Ainsi, en utilisant une solution digitale telle que WIZZCAD associée à un BOS, les MOA pourraient superviser et piloter efficacement leurs assets à distance et rationnaliser la gestion des équipements OT et IT. Enfin, la convergence entre l’IT et l’OT permettrait d’assurer une meilleure qualité de service par une meilleure réactivité aux besoins métiers.

Qui sont les acteurs de l’OT ?

Les acteurs de l’OT vont être les facilities managers, ceux qui vont s’occuper de l’exploitation du bâtiment et de centraliser les demandes et besoins. Quant au BOS, il devrait être installé par le propriétaire ou le gestionnaire du bâtiment car ce sera lui qui pourra bénéficier des données collectées.

Quel est l’intérêt pour les occupants de l’usage du BOS ?

Les occupants utilisent les applications qui leur sont fournis. A chaque fois, ces applications sont liées à un SI. L’utilisation du BOS va permettre de relier tous ces systèmes d’information pour les piloter depuis une même plateforme. On rentre ici dans la notion d’économie car les applications apparues ces dernières années portaient principalement sur l’optimisation des coûts au mètre carré. Cela pouvait passer par l’analyse des salles de réunion, par la gestion du confort pour réaliser des gains au mètre carré. Les Maitrises d’ouvrage utilisaient cette application pour que les personnes utilisent le moins de mètres carrés possible et puissent mieux rentabiliser leurs espaces.

Désormais, avec la crise du COVID-19, on change de paradigme. Nous sommes arrivés au bout de la notion de gain au m²/occupant. Les gains vont se porter davantage sur l’exploitation du bâtiment, sur la suppression ou l’optimisation des SI redondants, sur la performance énergétique, etc.

Pour l’occupant ce seront des gains de productivité, de bien-être au travail, de mobilité, de sécurité, de niveau de service et de confort qui l’intéresseront.

Pouvez-vous présenter l’association AV User Club que vous présidez ?

L’AV User Club France est un réseau de professionnels que nous avons voulu bâtir pour échanger autour des usages métiers dans le domaine de l’audiovisuel. Notre objectif est de faire évoluer le marché de l’audiovisuel pour se rapprocher du monde anglosaxon qui est davantage structuré que la partie française/latine.

Une conclusion ?

On fait face à un paradigme dans la gestion des espaces où nous sommes en train de changer de cap sur la recherche de gains financiers dans le bâtiment. Jusqu’à présent, les maîtrises d’ouvrage étaient principalement fixées sur les gains financiers à optimiser au m². Désormais, on va certainement économiser davantage sur l’exploitation des bâtiments et sur sa gestion depuis une solution unique pour piloter la performance énergétique des bâtiments. On essaie de lier le tout et de fédérer les acteurs afin de faire comprendre que l’audiovisuel s’intègre déjà dans le Smart Workspace qui s’imbrique lui-même dans le Smart Building. Le Smart Building va s’intégrer dans un quartier, puis dans une ville. C’est donc toute une chaîne qui se suit.

Nous assistons aussi à l’émergence de nouveaux acteurs qui font le lien entre les métiers de l’immobilier et de l’IT mais aussi dans l’éducation, le multimédia et les services. Je pense à WIZZCAD mais aussi à d’autres acteurs d’avenir français comme UBICAST, KLOOD, SPINALCOMUWINLOC, etc.

Alain Despiau Peyralade

 

Alain DESPIAU PEYRALADE – EDF – Président de l’AV User Club France

En tant que consultant expert solutions Smart Building, mon activité porte sur la conception et le développement des solutions de différents domaines dont le Smart Building, le multimédia, l’IoT et le BOS (Building Opérating System).

Et vous, êtes-vous prêt à bâtir votre bâtiment intelligent ?

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